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Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois

Pour sa première exposition personnelle à la Galerie Vallois, Blutch, auteur de bande dessinée et dessinateur alsacien présente un mish-mash de dessins, ou plutôt : Dessins Mish-Mash. Mish-mash viendrait du Yiddish : Mishn – qui signifie mélanger, un mélange de choses qui a priori ne vont pas ensemble ou qui, associées, créent davantage une dissonance qu’une harmonie. Un mish-mash n’est autre qu’un méli-mélo, onomatopée exprimant un bruit de bavardage permanent : « dans la rue, par exemple, je me prends tout le monde en pleine figure. Je n’arrive pas à faire abstraction, et ça me fatigue des fois. Tout mon travail part de ce que j’ai vu… et entendu aussi – on parle de l’œil, mais l’œil est indissociable de l’oreille »

Blutch dessine tout, tout le temps, toujours : de la pudeur à la perversion, avec une pointe de cruauté et d’ironie. De la candeur aussi, celle de l’enfance qui n’est pas « corsetée », celle du dessin fait sans but ni ambition. Blutch sent parfois son « dessin en danger d’asphyxie à l’intérieur des règles de la bd ». « Dessinateur » c’est mieux, le dessin se passe de mots pour aller au-delà du langage – il est ce mish-mash libre, intraduisible, et infiniment riche. Blutch « lutte pour que [le dessin] reste mouvant, instable, vif, au plus près du sujet ».

Mais quel est le sujet au juste ? Un peu comme le Yiddish, langue vernaculaire utilisée par les communautés juives d’Europe de l’est et centrale, un mélange d’allemand, d’hébreu et de mots slaves ; ou encore l’alsacien, assez semblable au Yiddish du fait qu’il rassemble plusieurs dialectes – Blutch mélange lui aussi différentes références et se nourrit autant de peinture que de jazz ou de cinéma… Le dessin est finalement ce qui lui permet de tout condenser. « Si l’on étale tout mon travail depuis le début, dans l’ordre, par terre, tous les dessins, toutes les planches, etc., on obtient ma vie en condensé […] ». Ce mish-mash serait peut-être une manière d’appréhender un œuvre, ou plutôt une indécision, car ces dessins – sens dessus-dessous sont comme « un journal émotionnel » explique Blutch.

Texte : Agate Bortolussi