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Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois

À l’occasion de la onzième édition d’artgenève, la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois présente son programme sur le stand D26. Elle consacre également un solo show au travail de peinture et de photographie de William Wegman sur le stand D24.

STAND D26

L’artiste russe Zhenya Machneva a mis la tapisserie au coeur de sa pratique artistique. Fil après fil, ses oeuvres patiemment élaborées s’inspirent du paysage industriel de l’ex URSS en pleine obsolescence pour recréer de chatoyants motifs. Avec Fallen, elle conjuge représentation zoomorphique et mécanique donnant vie et chaleur à une machine a priori décrépite.

Lucie Picandet a imaginé depuis plusieurs années un univers ésotérique et organique dont elle explore les différents aspects par l’écriture, la sculpture et la peinture. Le Monde vu par des chauve-souris est l’une de ses dernières toiles, où se déploient des mondes successifs, comme autant d’alluvions progressivement plus sombres.

L’influence du cinéma américain dans le travail de Pierre Seinturier est évidente dans sa série du Serpent Cosmique : le paysage immobile semble attendre l’irruption d’un élément pertubateur, un retournement de sitution qui viendra troubler l’artificielle tranquillité de la représentation. Les oeuvres sont ici juxtaposées à un papier peint dessiné par l’artiste, faisant écho à la scénographie imaginée pour l’exposition Le Serpent Cosmique où elles furent présentées pour la première fois en 2022.

Le dernier projet d’Alain Bublex initié en 2018, An American Landscape, est également un hommage au cinéma basé sur le film Rambo : First Blood. L’artiste en redessine chaque plan en omettant l’action et les personnages ; ne demeure alors que le paysage se déployant en un long dessin animé. Ici les tirages prennent la forme d’affichettes telles qu’on les trouvait dans les cinémas des années 1980, ou d’un grand format s’inscrivant dans la longue tradition du Landscape painting aux États-Unis.

Doing Something Stupid While Listening to Something Interesting de Julien Berthier joue un double rôle : tout d’abord, enroulant systématiquement des kilomètres de rouleaux de scotch sur eux-mêmes, il fait l’éloge du mouvement répétitif et a priori stérile comme ferment intellectuel – occuper les mains pour libérer l’esprit. Deuxièmement, cette tâche, qui transforme par un travail inlassable et méticuleux un carré en rond, propose une résolution de la quadrature du cercle : faire une chose pour arriver ailleurs.

Le brésilien Henrique Oliveira imagine l’agrandissement d’une infime partie d’une peinture à l’huile, façonnant un impasto coloré et tactile, sculpturale exagération de la trace d’un pinceau. Le résultat donne des hauts reliefs baroques et luxuriants.

Julia Wachtel s’approprie des images extraites directement d’un écran de télévision – tournant en dérision la reproductibilité technique des images qui y apparaissent – et souligne leur hyper-artificialité par l’insertion d’un personnage grotesque évoquant les cartes de voeux populaires dans la classe moyenne américaine des années 1980. Le miroir auquel renvoie l’artiste laisse le choix au spectateur, confronté soit à sa propre et risible caricature, soit à un archétype illusoire façonné par la culture de masse.

Les Etnografias d’Eulalià Grau renvoient l’image cruelle et satirique de la société espagnole sexiste et rétrograde à l’époque franquiste. Ici, Pànic utilise la technique caractéristique de l’artiste (un collage agrandi, imprimé sur toile et réhaussé de peinture) pour représenter une traditionnelle voiture familiale dans laquelle un bébé hurlant envahit tout l’espace, reflet terrifiant des attentes d’une vie familiale nucléaire.

Les toiles d’Emanuel Proweller (1918-1981) présentées sur le stand illustrent le perpétuel aller-retour que ce peintre effectua entre figuration et abstraction. À une décennie d’écart, ces oeuvres se répondent par leurs couleurs uniques, caractéristiques du talent du peintre qui n’utilise jamais deux fois le même pigment.

Enfin, les affiches lacérées des années 1960 de Jacques Villeglé entrent en conversation avec Bosch No.1 de Jean Tinguely. Dans cette oeuvre de 1974, Tinguely réunit une perceuse et une roue qui s’activent dans un mouvement absurde et répétitif. Ce procédé incongru et ludique se rit de l’obsolescence ultime de l’objet mécanique.

STAND D24

Dans le stand que consacre la galerie à William Wegman sont exposés les portraits des braques de Weimar caractéristiques du travail de l’artiste, ainsi que des petits formats sur papier. Les chiens, incontournables compagnons et partenaires de l’art de Wegman, endossent ici le rôle d’égéries de la mode, parodiant les séances photo de magazines et de défilés. Les dessins, eux, prennent pour point de départ des cartes postales que collectionne Wegman depuis des décennies, qu’il prolonge sur le papier, pour détourner, parodier, et augmenter le cliché inhérent à ces représentations idéalisées et fantasmées. Le kitsch de la carte postale (« négation absolue de la merde et de l’inacceptable » selon Kundera) est ici brocardé par des ajouts absurdes : un champignonparasol au-dessus d’un pastoral chasseur endormi, une robe qui vient compléter le maillot de Michel Platini, des rochers qui rendent impraticable une route panoramique…