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ACTUALITÉ CLIENT : EMERIGE MÉCÉNAT

Loucia Carlier est la lauréate de la 7ème édition de la Bourse Révélations Emerige.

Intention de Gaël Charbau, commissaire de l’exposition

La précédente édition de la Bourse avait pour titre « L’effet falaise ». Nous étions loin d’imaginer, l’année dernière, à quel point les mois suivants allaient devenir une illustration par l’exemple de ce « cliff edge effect », changement brutal aux conséquences imprévisibles, qui me semblait correspondre alors à l’état du monde, tout autant qu’à la pratique de certains artistes à la recherche d’un point de rupture esthétique.

Le processus de sélection de cette nouvelle édition s’est évidemment déroulé dans des conditions particulières concernant la forme, mais le fond de notre travail est resté inchangé. Avec Olivier Antoine, fondateur de la galerie Art:Concept, notre comité de sélection a retenu cette année onze artistes, sept femmes et quatre hommes. Influencée comme chaque année par le regard du galeriste invité, cette nouvelle édition offre une place forte à l’image et particulièrement à la peinture. Que ce soit dans les limites de sa matérialité (Clémence Mauger), dans son horizon critique, introspectif ou intime (Ludovic Salmon, Elené Shatberashvili), dans sa capacité à transformer le dérisoire en étrange (Raphaël-Bachir Osman) ou au contraire dans la poésie vibrante et sensuelle de sa chair (Marcella Barceló), la peinture continue d’être un champ d’expérience et d’expression pour les jeunes générations. Figures peintes déployées dans l’espace (Charlotte Vitaioli) ou peinture de l’espace lui-même (Rob Miles), picturalité de l’image vidéo (Ismaël Joffroy Chandoutis), même lorsque les artistes s’éloignent du medium traditionnel, il s’agit de jouer avec les récits et les références (Lucia Carlier) ou d’imaginer des paysages d’échange et de mélange des savoir-faire (Giuliana Zefferi) où, l’expérimental s’enchevêtre à une longue tradition du faire.

Pour de nombreux jeunes intellectuels, la question n’est plus de savoir comment «habiter le monde» mais plutôt comment cohabiter avec lui : la modernité qui systématisait la table rase, revendiquait le neuf contre l’ancien, s’évapore dans la douleur. Une nouvelle pensée du commun lui succède, une pensée pragmatique du «faire avec» toutes les formes de vie, en évitant de reconduire les égarements passés. Ce modèle de cohabitation permet non seulement la coexistences des formes et surtout leur décloisonnement : dans cet écosystème, rien n’est étanche. C’est une pensée plastique, et il ne fait aucun doute que l’expérience esthétique, celle à laquelle toute cette génération d’artistes travaille à la suite de ses ainés, alimentera de plus en plus les modèles de ceux qui cherchent à repenser le monde.