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Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois

Pour l’édition 2023 de la TEFAF Maastricht, la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois présente une sélection d’œuvres allant de la fin des années 1950 à nos jours, fidèle à sa volonté de mettre en lumière les avant-gardes françaises, l’hyperréalisme américain et l’art contemporain.

Avenue Colette Villiers de Jacques Villeglé, daté de janvier 1959, est représentative du Nouveau Réalisme. Cette affiche déchirée a été présentée dans la première exposition personnelle de l’artiste, dans l’atelier de François Dufrêne en 1959, ainsi que dans deux grandes rétrospectives au Moderna Museet (1971) et au Museum Haus Lange (1972). Sa simplicité est typique de la qualité presque abstraite des œuvres « Sans lettre, sans figure » ; cependant, le nom « De Gaulle » émerge subtilement d’une déchirure claire sur le papier sombre. Cet élément discret révèle et présage la facette profondément politique des prochaines affiches lacérées de Villeglé.

En écho à l’appropriation radicale des éléments du paysage urbain par Jacques Villeglé, les sculptures animées de Jean Tinguely, tantôt choquantes ou fantaisistes, subliment la sobriété sombre des déchets industriels récupérés. Troïka (également surnommée Clochette) a été créée en 1960. Tinguely était revenu de New York après le succès de sa performance sculpturale autodestructrice Homage to New York au MoMA. Cet événement lui a permis d’introduire le mouvement aléatoire et le chaos dans ses sculptures cinétiques, par opposition à la répétition motorisée. Cette anarchie frénétique apparaît également dans Vive la liberté I, dont la crudité stridente fait écho aux penchants anarchistes de Tinguely et coïncide avec une période charnière de sa pratique artistique. La pièce a été créée pour l’exposition « Bewogen Beweging » (« Mouvement en mouvement ») au Stedeljik Museum en 1961. En revanche, Inca, Untitled (Briquolage) et La Petite Roue, datant des années 1970, annoncent une nouvelle compréhension de l’esprit Dada dans le contexte renouvelé des biens de consommation industrialisés. Revampant le célèbre geste de Marcel Duchamp, Tinguely présente un outil privé de son utilité, altérant son essence même. Perceuses, clés, étaux, roues : ces objets usuels sont dressés sur un socle dans un pastiche de grand art tournoyant frivolement dans un mouvement inutile et répétitif.

Tout aussi historique et remarquablement rare, XZZ 20 est l’une des dernières peintures à grande échelle disponibles de Peter Stämpfli des années 1970, en dehors des collections de musées. Cette série marque un tournant dans l’iconographie de l’artiste qui se détourne de tout autre sujet que le pneu et sa bande de roulement, socle définitif et systématique de son vocabulaire pictural.

Famille et libellule d’Emanuel Proweller démontre le traitement délicat de la couleur et du sujet par le peintre. Son habileté est apparente dans les variations de tons presque imperceptibles utilisées pour créer des effets d’ombre et de lumière pour représenter une touchante scène de famille rétro-éclairée. L’aperçu gracieux de l’affection maternelle est doublé d’une prédilection voluptueuse pour la forme humaine se prélassant sous un éclatant soleil d’été. La sensualité de la scène est soulignée par une libellule licencieuse, vivement colorée et insensible au soleil.

Les évocations classiques de Proweller se reflètent dans la statuesque Ariel III de John DeAndrea. L’artiste crée des sculptures si réalistes qu’on s’attend à ce qu’elles respirent, où le sujet et la représentation fusionnent dans une illusion destinée à préserver l’exacte ressemblance d’un être aimé. L’exploit technique de l’artiste imprègne le nu classique de détails – taches de naissance, rides et autres défauts – qui se détournent de la représentation idéalisée au profit d’un réalisme absolu.

Cet hyperréalisme est mis en parallèle avec les représentations presque photographiques à l’aquarelle de panneaux de signalisation par Robert Cottingham. Le point de vue est systématiquement celui du spectateur, levant les yeux vers des chapiteaux typiquement américains, ici recadrés pour créer une charte typographique urbaine, de A à Z. Ces 26 lettres évoquent un âge d’or de la signalétique extérieure, partie intégrante de l’identité américaine. La recherche, la photographie et la collecte de signalisations ont conduit l’artiste à accumuler une immense base de données photographiques. American Alphabet II découle de cet effort pour englober la culture américaine : Robert Cottingham archive la poésie urbaine de l’Amérique par ordre alphabétique. Les 26 aquarelles présentées ici sont le pendant d’une série monumentale de peintures à l’huile sur toile.

William Wegman accumule également de manière compulsive des éléments de l’Americana : ses peintures reposent sur une multitude de cartes postales collectionnées, représentant les incontournables du paysage américain. L’artiste appose ces cartes postales sur un panneau et les déploie dans de nouvelles architectures et perspectives, mettant joyeusement en lumière le kitsch inhérent à ces représentations idéalisées. 

Enfin, le dernier projet d’Alain Bublex, An American Landscape, est aussi un hommage aux paysages pittoresques des USA. Inspiré par le film Rambo : First Blood, l’artiste redessine chaque image, en omettant l’action et les personnages ; il ne reste alors plus que le paysage qui se déploie dans un long dessin animé. Ici, le grand format fait écho à la longue tradition de la peinture de paysage aux États-Unis, soulignée par l’ajout d’un cadre en trompe-l’œil.