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FONDATION DES ARTISTES

Née en 1931 à Nancy, Simone Prouvé est licière et photographe. Elle côtoie dès son plus jeune âge les architectes et designers qui ont opéré la révolution moderniste et travaille avec eux sur de nombreux chantiers.

Fille de Jean Prouvé, designer et architecte autodidacte, et petite-fille de Victor Prouvé, qui fut l’un des initiateurs du mouvement de l’École de Nancy, elle est encouragée par sa mère Madeleine à apprendre la couture et le tissage. Dans les années 1950, Simone Prouvé se forme aux techniques de tissage à Paris en 1949, puis en Suède, chez Alice Lund, et en Finlande, chez Dora Jung. Elle s’imprègne de leurs cultures et rencontre des artistes et des architectes : la bijoutière Viviana Torun, des amis de Martha Villiger, Aulis Blomstedt et son épouse Heidi Sibelius.

De retour à Paris, elle crée des métrages de tissus d’ameublement pour des magasins à Nancy, Paris ou Bruxelles et reçoit en 1958 une commande de l’architecte Dominique Louis – un ami de son frère aux Beaux-Arts de Nancy – pour une grande tapisserie à suspendre, à laquelle elle applique les techniques apprises en Suède.

De 1963 à la fin des années 1980, elle travaille en équipe avec son compagnon et futur mari, l’artiste André Schlosser, qui amène une grande créativité dans le choix des couleurs et dessine les cartons qu’elle interprète librement. En près de 25 ans de collaboration, ils créent une quarantaine de réalisations pour les architectes Shadrach Woods, Maurice Silvy, Bernard Zehrfuss, Charlotte Perriand, Annie Tribel, Robert Rebutato, l’AUA, Yves Moignet, Richard Dubrulle, Bernard Taillefer, Jean-Louis Lotiron, Jean Deroche… dont des tapisseries géantes.

Déjà riche d’une carrière impressionnante auprès d’architectes contemporains, c’est à 60 ans, dans les années 1990, qu’elle se lance dans l’exploration et le tissage des fils dits non feu (non inflammables), des fibres aramides et métalliques. Elle s’enthousiasme pour les fils inox que l’industrie a commencé à produire au début des années 80. Cette innovation interpelle de nombreux architectes comme Reiko Hayama, Rainer Senn, Claude Parent, Christian de Portzamparc, Odile Decq ou encore l’artiste Dominique Gonzalez-Foerster. Elle n’a eu de cesse aussi de combiner ces fibres pour créer des matières uniques à l’origine de ses tissages aériens qui jouent avec la lumière. Les recherches qu’elle a menées autour des matières, des formes et des contraintes posées par les projets, et son travail sans relâche ont créé une œuvre qui oscille entre design, architecture et abstraction. Photographe depuis les années 1950, elle promène également son regard, en véritable pionnière de l’urbex, sur les paysages et les détails d’usines et de lieux désaffectés.

Ses œuvres ont été exposées depuis 1956 et des collaborations plus récentes incluent des tentures murales ainsi que des pièces insérées dans des portes vitrées pour des musées français tels que le musée Bourdelle, le musée Matisse, et le Musée André Malraux du Havre.

En 2021, le Musée national d’art moderne lui a accordé la reconnaissance de toute une vie de création par l’acquisition d’un ensemble de pièces qui ont rejoint ses collections. Plusieurs de ses notes de recherche de tissage et de teinture sont désormais mises à la disposition des professionnels par la Bibliothèque Kandinsky. Depuis plus d’un an, cet ensemble est exposé dans une salle dédiée des collections permanentes du Centre Pompidou.

Au sein de la Maison nationale des artistes se déploient les recherches menées autour des matières, des formes et des contraintes posées par les projets et témoignent d’une œuvre unique entre design, architecture et abstraction.

Simone Prouvé réside actuellement à la Maison nationale des artistes.