Skip to main content

ADIAF

Le Président de l’ADIAF a dévoilé le 12 janvier 2022 les noms des quatre artistes en lice pour la 22ème édition du Prix Marcel Duchamp. Sélectionnés par les collectionneurs de l’ADIAF, ces artistes sont invités par le Centre Pompidou pour une exposition collective placée sous le commissariat d’Aurélie Verdier, conservatrice au musée national d’art moderne (service des collections modernes), assistée d’Anne Foucault, chargée de recherches au musée national d’art moderne (service des collections modernes). L’exposition, dont le vernissage a lieu le 4 octobre 2022, se tient du 5 octobre 2022 au 2 janvier 2023. Le jury international se réunit et proclame le lauréat le lundi 17 octobre 2022.

Les 4 artistes nommés : 

 

Giulia Andreani
Née en 1985 à Venise, Italie
Vit et travaille à Paris
Représentée en France par la galerie Max Hetzler
La pratique de Giulia Andreani s’enracine dans les récits historiques – histoires fragiles ou tragédies à échelle humaine – qu’elle débusque au gré de ses recherches et des archives qu’elle collecte. L’artiste interroge l’histoire dans ses plis, et ré-agence en un photomontage unique cette archive visuelle et textuelle dans son travail de peintre. Elle exhume des récits singuliers de femmes aux prises avec la grande histoire, des destins occultés hors de toute récupération héroïque. Par l’emploi d’une gamme chromatique unique – le gris de Payne – sa peinture évoque les rapports de pouvoir dans l’histoire, jusque dans l’idée de maternité. Pour le Prix Marcel Duchamp, Giulia Andreani place au centre de son propos cette puissance double, intimement liée, alors qu’un conflit fait rage aux portes de l’Europe : celle de donner la mort, ou bien la vie.

Iván Argote
Né en 1983 à Bogota (Colombie)
Vit et travaille à Paris
Représenté par la galerie Perrotin
Performances filmées ou installations sculpturales, nombre d’œuvres d’Iván Argote repensent l’espace public par le biais de la radicalité et de l’engagement. Son travail est mû par une double perspective ludique et politique. « Mes œuvres sont des réflexions sur la façon dont nous nous comportons, comment nous comprenons notre environnement proche, et comment [celui-ci] est relié à l’histoire, aux traditions, à l’art, à la politique et au pouvoir ». Pour le Prix Marcel Duchamp, Iván Argote reconsidère la façon dont nous sommes traversés par une « mémoire d’oubli »  : sur trois places publiques européennes (à Paris, Madrid et Rome), il s’empare de notre passé colonial en agissant sur le destin de trois monuments, symboles de ce pan de l’histoire qui ne passe pas. Dans l’exposition, des obélisques démembrés de velours, anti-monuments ludiques et poétiques, servent d’assise à ce que l’artiste nomme des films d’anticipation.

Philippe Decrauzat
Né en 1974 à Lausanne, Suisse
Vit et travaille à Paris
Représenté en France par la galerie Praz Delavallade
La peinture et le film chez Philippe Decrauzat instaurent un rapport critique avec l’histoire du modernisme en établissant un jeu visuel et référentiel avec certaines stratégies perceptives propres aux avant-gardes historiques et aux pratiques expérimentales, élargissant ses sources à des domaines aussi divers que le graphisme, la musique ou la science-fiction. Son œuvre mobilise des phénomènes optiques qui interrogent autant l’auteur que le statut de l’image. Leur rapport complexe au temps et à l’espace – devenu dilaté, comprimé ou cyclique – en perturbe ainsi l’appréhension. Pour le Prix Marcel Duchamp, Philippe Decrauzat propose deux espaces distincts et complémentaires. Des « shaped canvas » et une « boucle » cinématographique relaient l’expérience spatio-temporelle du corps dans l’exposition.

Mimosa Echard
Née en 1986 à Alès
Vit et travaille à Alès
Représenté en France par la galerie Chantal Crousel
L’œuvre de Mimosa Échard propose des alliances singulières, où l’organique côtoie le technologique et le synthétique. Cette pharmacopée ambivalente infuse un travail protéiforme – vidéo, peinture, sculpture, installation – qui puise dans la culture pop ou la contre-culture psychédélique. Souvent issu de collaborations avec différents créateurs et créatrices, au nombre duquel on trouve écrivain(e)s et musicien(ne)s, son travail trace une histoire matérielle de la tactilité qui en dessine une autre, subrepticement mais aussi profondément politique. Pour le Prix, elle conçoit un « objet architectural ambigu ». Oscillant entre le sublime et l’abject, cette machine « lacrymale » de perception, ou écran désirant, produit des flux ininterrompus, à l’image de ceux de notre société liquide.

Rapporteurs auprès des artistes :
Nadia Yala Kisukidi
, Maîtresse de conférences en philosophie Université Paris 8 Vincennes- Saint-Denis, Columbia Institute for Ideas and imagination fellow (2022-23), rapporteuse de Giulia Andreani
Kathryn Weir, directrice du musée Madre, Naples, rapporteuse d’Iván Argote
Julien Fronsacq, conservateur en chef, MAMCO, musée d’Art moderne et contemporain de Genève,rapporteur de Philippe Decrauzat
Jill Gasparina, critique, commissaire indépendante, professeure assistante à la HEAD-Genève, rapporteuse de Mimosa Echard