Dominique Perrault Architecture
La gare Villejuif-Gustave Roussy travaille l’effacement du seuil entre l’espace public ouvert et l’espace clos de la station en brouillant les limites de la ville.
Son architecture hélicée en surface exerce sur le tissu urbain une force centripète qui l’entraîne vers l’espace qui a été délivré sous terre. Le large cylindre de béton à parois moulées, inondé de clarté, est parcouru et animé de passerelles et d’escalators. Ici le ciel de ce skyscraper inversé n’est autre que le sol de la ville. La lumière naturelle s’engouffre jusqu’aux quais situés quelque cinquante mètres plus bas. Le ciel est par-dessus les voies.
L’infrastructure mise à vif est portée à la visibilité maximale et incorporée à la logique constructive. Le dispositif architectural participe à la scénographie urbaine. En s’effaçant dans le sol et en prolongeant les usages et les vues entre la surface et le domaine souterrain, il unifie les dynamiques verticales d’accès au réseau de transport. Cette architectonique transfigure l’infrastructure qui devient architecture.
Sans mur ni façade, l’architecture de cette gare éclipsée dans le sol ne s’oppose ni à la ville ni à rien. Elle libère l’horizon et disparaît de la silhouette urbaine, engouffrant avec elle un morceau du ciel.
Dominique Perrault, 2024