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Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois

À la rentrée 2025, la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois propose une double exposition sur l’œuvre d’Arman, dans ses deux espaces parisiens du 33 & 36, rue de Seine, sous le commissariat de Bernard Blistène.

On croit tout connaître de l’œuvre protéiforme d’Arman. Les pièces exceptionnelles réunies pour cette exposition témoignent de son inventivité et de son actualité. On y découvre les principaux aspects de ses recherches portées par sa « colère » face à un monde pulvérisé qu’il s’escrime à reconstruire, voire à ordonner. Le parti pris choisi se refuse à la chronologie, tant les œuvres d’Arman sont des chantiers ouverts sur lesquels il ne cesse de revenir. Subsiste la violence d’un parcours où la prémonition de la catastrophe se mêle à la mélancolie du passé comme à l’urgence de l’action, face à un chaos qu’Arman tente d’apprivoiser. 

«(…) Il y a dans l’œuvre d’Arman, au fil de ses séries qui se partagent entre lyrisme informel et sérialité minimale, une forme de distanciation mêlée d’ironie face à la beauté des objets multiformes qu’il convoque à profusion. Et si l’usage social des objets est décevant, Arman semble nous dire qu’ils ne le sont pas intrinsèquement. Car il se fiche de leur fonction mais pas de leur beauté. (…)

Le réel d’Arman est une immense vitrine, un magasin d’accessoires en tous genres où le présent d’objets rutilants côtoie des objets de rebuts, où un fatras exhumé du marché aux puces ou de boites à ordures cède le pas à des objets désirables que l’artiste découpe et délite pour leur attribuer une seconde vie, en en anéantissant la fonction initiale pour leur offrir l’éternité de l’œuvre : une forme d’Upcycling, sans doute une écologie paradoxale. (…)

Faut-il ici souligner comment Arman nous engage à un diagnostic qui fait écho à l’histoire du capitalisme, comment il s’arroge le droit d’agir pour déjouer le piège de l’obsolescence et le subvertir à ses fins ? Une ‘obsolescence programmée’ par le recyclage esthétique, un pied de nez à ce qu’Henri Lefebvre appelle au même moment, »un produit de consommation » par la valeur ajoutée. Après le ready-made et bien avant Jeff Koons, c’est bien la question de la construction de la valeur par le pouvoir de l’esthétique qui constitue l’un des actes cruciaux de la pensée d’Arman.»

Extraits du texte de Bernard Blistène paru dans le catalogue de l’exposition. Cet ouvrage très richement illustré d’images d’archives et de documents réunit également l’ensemble des oeuvres présentées par la galerie depuis 1991.