Fondation Pierre Gianadda
Soixante-neuf portraits photographiques d’Henri Cartier-Bresson, issus de la Collection Sam, Lilette et Sébastien Szafran, appartenant à la Fondation Pierre Gianadda, sont présentés en parallèle à l’exposition Cézanne.
Dans la galerie imaginaire que Sam Szafran et Henri Cartier-Bresson ont partagée pendant plus de trente ans, on trouve évidemment des peintres, des sculpteurs et des artistes qui figurent en bonne place dans les expositions de la Fondation Gianadda.
Henri Cartier-Bresson et Sam Szafran se rencontrent en 1972 à Paris, lors de l’exposition Douze ans d’art contemporain, où Sam expose des grands fusains. Si Henri est un photographe célèbre, qui a derrière lui un des plus grands œuvres de la photographie contemporaine, il possède un jardin secret : le dessin. Touché par le travail du peintre et pastelliste autodidacte, Henri demande à Sam de lui donner des leçons. Commence alors, entre les deux amis qu’une génération sépare, un extraordinaire échange, dans lequel la photographie joue un rôle paradoxal. Henri Cartier-Bresson en fait de moins en moins, mais il puise dans ses cartons d’archives des tirages originaux pour Sam, son « ami intense ». Presque toutes les photographies sont accompagnées d’une dédicace, d’un petit mot, d’une pensée.
Les photographies de Cartier-Bresson sont autant de rencontres artistiques passées que le photographe veut partager avec son ami. A côté de la grande figure d’Alberto Giacometti, on découvre Henri Matisse dans les jardins de Vence, Pierre Bonnard au Cannet… Et puis des artistes croqués sur le vif, tels Pablo Picasso, Max Ernst, Georges Braque, Alexander Calder… ou des écrivains qu’ils apprécient particulièrement.
Toutes ces photographies sont des clins d’œil, des échanges : une correspondance codée dont seuls Henri et Sam détiennent la véritable clé. Cependant, si cette part de leur richesse nous demeure secrète, nous retiendrons le regard clair, perspicace, interrogateur d’Henri Cartier-Bresson, et ce qu’il nous dit d’universel dans des images qui remplacent les longues lettres, jamais écrites, mais données de main à main.
Par le miracle de l’amitié qui a uni dans ses liens les trois couples constitués par Henri Cartier-Bresson et Martine Franck, Lilette et Sam Szafran, Annette et Léonard Gianadda, ces précieux témoignages sur la vie artistique d’une époque sont venus enrichir les collections de la Fondation Pierre Gianadda. Et ils sont entrés ainsi dans un univers où le partage au plus grand nombre est l’élément essentiel de l’action culturelle.
Jean-Henry Papilloud et Sophia Cantinotti, Commissaires de l’exposition