ADIAF
Le Président de l’ADIAF a dévoilé le 12 janvier 2023 les noms des quatre artistes en lice pour la 23ème édition du Prix Marcel Duchamp. Sélectionnés par les collectionneurs de l’ADIAF, ces artistes sont invités par le Centre Pompidou pour une exposition collective placée sous le commissariat d’Angela Lampe, conservatrice, Musée national d’art moderne, service des collections modernes. L’exposition, dont le vernissage a lieu le 3 octobre 2023, se tient du 4 octobre 2023 au 8 janvier 2024. Le jury international se réunit et proclame le lauréat le lundi 16 octobre 2023.
Les 4 artistes nommés :
Bertille Bak
Née en 1983 à Arras (France)
Vit et travaille à Paris (France)
Représentée par la galerie Xippas, Paris, Genève, Punta del Este et The Gallery Apart, Rome
Vidéaste et plasticienne, Bertille Bak porte en étendard aussi bien son héritage familial — elle est petite-fille de mineurs polonais du nord de la France — que la singularité de cultures populaires, dans une œuvre oscillant entre le documentaire sociologique et la fiction poétique. L’artiste s’intéresse aux communautés en marge des sociétés contemporaines en examinant leurs rituels, gestes et objets, qui alimentent ensuite ses projets. Si ses œuvres sont nourries d’une observation minutieuse de longue durée, souvent effectuée depuis l’intérieur, elles dépassent le cadre rigoureux du pur enregistrement du réel par des digressions humoristiques, à la lisière du burlesque et de l’absurde. Ces écarts témoignent de son regard profondément humaniste porté sur des contextes sociaux fragilisés, au bord de la disparition. Il s’agit pour elle de partager un passage de vie, un combat, une résistance.
Bouchra Khalili
Artiste franco-marocaine née en 1975 à Casablanca (Maroc)
Vit et travaille à Berlin (Allemagne)
Représentée par la galerie Mor Charpentier, Paris et Bogota et ADN galleria, Barcelone
Le travail de Bouchra Khalili s’articule en films et installations vidéo, photographies, sérigraphies et projets éditoriaux, dans une fluidité sans hiérarchie. Il interroge les relations complexes entre parole subjective et prises de position civiques pour penser une communauté à venir. Chacun de ses projets peut s’envisager comme une plateforme depuis laquelle des membres de minorités peuvent proposer, mettre en œuvre et partager des stratégies et discours de résistance, élaborés à partir de leur savoir vernaculaire. La multiplicité des voix, y compris celles du passé, renforce la dimension fantomatique de ses œuvres. Très sensible à la rythmique, à la respiration des coupes, à la musicalité, l’artiste – qui a co-fondé la cinémathèque de Tanger il y a une quinzaine d’années – porte ses projets du tournage jusqu’au montage, acmé de sa démarche artistique.
Tarik Kiswanson
Né en 1986 à Halmstad (Suède)
Vit et travaille à Paris et Amman (Jordanie)
Représenté par la galerie carlier | gebauer, Berlin et Sfeir-Semler Gallery, Hambourg et Beyrouth
Tarik Kiswanson, artiste et poète, est issu d’une famille palestinienne ayant dû quitter son pays pour l’Afrique du Nord puis la Jordanie, avant d’arriver au début des années 1980 en Suède, où il est né. Englobant la sculpture, l’écriture, le dessin, la performance, le film et les œuvres sonores, sa pratique protéiforme explore des sujets liés à la mémoire et à l’héritage, à la temporalité et à l’appartenance, mais aussi plus largement à la transformation et la métamorphose. Les notions de déracinement, de régénération et de renouvellement sont au cœur de son art. L’essai Poétique de la relation (1990) d’Édouard Glissant, sur l’identité en tant que construction relationnelle, l’inspire à examiner ce qui est perdu et acquis par la migration d’une génération à l’autre. Un de ses thèmes centraux est l’idée de lévitation, qu’il explore à la fois comme métaphore psychique et comme phénomène physique, un état perpétuellement transitoire.
Massinissa Selmani
Né en 1980 à Alger (Algérie)
Vit et travaille à Tours (France)
Représenté par la galerie Anne-Sarah Bénichou (Paris), Selma Feriani (Tunis, Londres), Jane Lombard (New-York)
Le dessin est le champ d’expérimentation de Massinissa Selmani, qu’il travaille sur papier, sur calque, dans de courtes animations ou à même l’espace. À partir d’archive de coupures de presse, il construit des « formes dessinées » sur le mode surréaliste du collage et de la collision. Il prélève des éléments incompatibles, les évacue de leur contexte et les juxtapose en mettant en scène de petites situations énigmatiques entre tragique et comique, où l’absurde n’est jamais loin. Faisant partie de la génération témoin des violences qui ont sévi en Algérie au cours de la décennie 1990, Selmani a vu comment l’humour pouvait être un mécanisme de défense face à la violence sourde. Dans son travail, il fait le choix de l’économie et la retenue, la mise à distance et la discrétion du signe.
Rapporteurs auprès des artistes :
Cédric Fauq, commissaire en chef, responsable du service des projets, Capc Musée d’art contemporain de Bordeaux, rapporteur de Bertille Bak
Natasa Petresin-Bachelez, responsable de la programmation artistique et culturelle, Cité internationale des arts (Paris), curatrice interdépendante, rapporteur de Bouchra Khalili
Jean Marc Prévost, Directeur du Carré d’art- Musée d’art contemporain (Nîmes), conservateur en chef du patrimoine, rapporteur de Tarik Kiswanson
Natasha Marie Llorens, curatrice, critique d’art et professeur de théorie de l’art au Royal Institute of Art (Stockholm), rapporteure de Massinissa Selmani