Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois
À l’occasion de la douzième édition d’artgenève, la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois présente son programme sur le stand C44, en écho à l’actualité de ses artistes historiques et contemporains. Elle consacre également un solo show au travail de tapisserie de Zhenya Machneva sur le stand B43.
STAND C44
Jacques Villeglé et César sont les hérauts du Nouveau Réalisme, spécialité de la galerie depuis sa création. L’Esprit de la Révolution française, un fer de 1956 de César, est un porte-étendard à la fois pastiche et hommage aux monuments révolutionnaires – l’utilisation de morceaux de rebut de ferraille soudés (typique de la pratique des Nouveaux Réalistes), la patine et l’usure contrôlées des matériaux se confrontent à l’esthétique dynamique et héroïque de l’esprit révolutionnaire.
Rue des Vertus, une affiche lacérée de 1984 par Jacques Villeglé dévoile des bribes de la vie politique, sociale et culturelle de cette époque – Lutte Ouvrière et Simone Veil y sont accolés au ‘premier vidéomagazine de charme’ et aux ferries touristiques pour la Grande Bretagne. Cet exemple remarquable, en grand format, des Graffitis Politiques, offre un aperçu instantané et parcellaire de toute une époque.
Les œuvres de Ben Sakoguchi, elles, reprennent l’esthétique fantaisiste des caisses d’oranges de Californie durant son enfance, pour y évoquer faits de société, histoire de l’art, ou messages politiques. L’humour et la légèreté maîtrisée du trait camouflent une satire aiguë et un engagement puissant.
Parmi les artistes historiques présentés sur le stand, Emanuel Proweller fait avec l’Allégorie du pouvoir une démonstration frappante de sa maîtrise de la couleur ainsi que de la puissance évocatrice de ses images. Ici, la ligne d’horizon est coupée par un champignon nucléaire onirique, aux couleurs bariolées d’un chapiteau de cirque. Au premier plan pousse une fleur dont la blanche simplicité évoque soit la destruction imminente d’une forme d’innocence, soit un espoir de renouveau après la catastrophe.
La satire est également un maître-mot du légendaire Richard Jackson ; son installation Deer and Skeleton est typique de sa pratique qui bouscule les codes classiques de la peinture et ses préceptes, en un hommage impertinent et délirant. Ici, le peintre est supplanté par un mécanisme où de cartoonesques personnages – le squelette chasseur et l’ithyphallique cerf – deviennent la source d’outrancières projections de peinture.
Parmi les jeunes artistes contemporains, on compte le duo iranien Peybak. Ce tableau de grand format témoigne de l’évolution de leur pratique tout en s’inscrivant parfaitement dans leur réflexion. Les artistes ont ici consacré leur attention aux visages, en inscrivant leur propre présence physique dans le tracé : les contours dépendent des marques laissées par le pouce ou l’index, et qui déterminent l’expression et la taille de chaque personnage. Ni bienveillants ni malveillants (ou bien à la fois inquiétants et rassurants), ils sont des témoins de ce qui les entoure.
L’œuvre de Lucie Picandet est imprégnée d’ésotérisme et de références mystiques ; son imagerie oscille entre représentations animales et végétales, et sa dernière œuvre dépeint une nature en mutation où les plantes deviennent des créatures sources de vie, jaillissant d’un monde extraterrestre.
La dernière série d’œuvres de Pierre Seinturier s’articule autour de commandes fictives passées par des commanditaires inventés afin de laisser libre cours aux fantaisies du peintre bien réel. Dans cette œuvre, un hommage à l’occasion de la première rétrospective de l’artiste James Halpert au MoMA, Pierre Seinturier évoque subtilement ses passions pour la peinture, la télévision, le paysage et l’architecture, tout en réalisant une sorte d’autoportrait plein d’autodérision.
Le projet An American Landscape d’Alain Bublex se base sur le film Rambo : First Blood. L’artiste en redessine chaque plan en omettant l’action et les personnages ; ne demeure alors que le paysage se déployant en un long dessin animé. Ici le tirage présente une rue désertée typique d’une certaine forme d’Americana, s’inscrivant dans la longue tradition du Landscape painting aux États-Unis.
STAND B43
« La puissance visuelle des paysages industriels m’a toujours fascinée et je conserve mes impressions dans mes tapisseries. Les lieux abandonnés, les objets oubliés et les machines inutiles sont ma source d’inspiration.
Je transforme les usines, les bâtiments et les machines en nouvelles créatures inexistantes. J’associe à chacun d’entre eux une partie de mes souvenirs – personnels, aléatoires ou spécifiques. Ce qui m’importe, ce n’est pas de vous raconter mon histoire, mais de vous inviter à une conversation non verbale, à appeler vos propres interprétations de l’œuvre.
Est-il possible de créer un nouveau monde ? Je ne crois pas. Peut-être de réparer l’ancien ? Il semble que cela ne fonctionne pas non plus. Quoi qu’il en soit, je continue à le faire à travers mon art. »
Zhenya Machneva