Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois
La première exposition monographique de William Wegman à la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois propose une traversée de l’œuvre de l’artiste, qui met en valeur sa profonde cohérence à travers la diversité des média et des registres employés. Rassemblant plus de 60 pièces, de 1970 à 2022, choisies en dialogue avec William Wegman et Christine Burgin, l’exposition curatée par Martin Bethenod est placée sous le signe de l’agility, discipline ludique et sportive alliant homme et chien. « J’ai toujours considéré mon travail comme une activité ludique partagée », dit William Wegman.
Dans ses images, le chien n’est plus un témoin muet comme le petit bichon de Carpaccio, un figurant comme Lump le teckel de Picasso, ou un simple « petit assistant » ainsi que Martin Luther nommait son poméranien, mais un partenaire à part entière du processus créatif. On peut rapprocher cette relation de « spontanéité disciplinée », ou « d’attention stimulée qui profite autant aux chiens qu’au maître » à celle que la philosophe américaine Donna Haraway, grande adepte d’agility, décrivait en 2003 dans son Manifeste des espèces compagnes, chiens, humains et autres partenaires : « une chorégraphie ontologique, un jeu vital inventé par les participants à partir des histoires de corps et d’esprit dont ils héritent et qu’ils adaptent pour composer les verbes de chair qui les font tels qu’ils sont ».
L’exposition William Wegman, Agility Conceptuelle, se déploie sur les deux espaces de la Galerie, au 36 et au 33 rue de Seine. Chaque espace organise la rencontre entre la photographie, le film, la peinture, le dessin, le texte… et met en dialogue des pièces iconiques associant Man Ray (1970-1982), Fay (1986-1995) ou d’autres membres de l’illustre dynastie de braques de Weimar indissociables de l’œuvre et de la vie de l’artiste avec de nombreuses pièces inédites, avec ou sans chien.
Au 36, rue de Seine, la première partie de l’exposition, Espaces d’Espèces (Spaces of Species), rassemble, dans un grand jeu de la fluidité et des métamorphoses, des œuvres qui troublent et abolissent les frontières entre les différents types d’espaces (espace pictural, espace architectural, espace en deux et en trois dimensions…) autant qu’entre les espèces (hommes, chiens, autres animaux, objets parlants), entre les catégories et les genres. Ensemble, pour citer à nouveau Donna Haraway, « ils inventent ce jeu ; ce jeu les transforme ».