Fondation Pierre Gianadda
Créée en partenariat avec le Musée Rodin et la Fondation Giacometti, Paris, à partir de leurs importantes collections, l’exposition Rodin-Giacometti organisée à la Fondation Pierre Gianadda est la première à souligner, interroger et étudier les parallèles, les échos, et la généalogie possible entre l’œuvre des deux artistes. Quelque 130 œuvres (sculptures et dessins) sont exposées sur ce thème.
En 1984, la Fondation Pierre Gianadda expose Rodin ! Les bronzes les plus spectaculaires, les marbres, les dessins et les aquarelles, enchantent un public très nombreux. Cet hommage éclatant au génie de Rodin participe du premier grand succès de la Fondation et de son essor qui ne se démentira plus.
Deux ans plus tard, en 1986 en Octodure, pour commémorer deux anniversaires : les vingt ans de la disparition d’Alberto Giacometti et la naissance de la Fondation éponyme, une importante rétrospective de cet immense créateur du XXe siècle, originaire des Grisons, est organisée pour la première fois en Suisse romande.
2019 : la Fondation Pierre Gianadda réunit les œuvres de ces deux génies : celles du précurseur Rodin (1840-1917) avec ses références à l’art antique, à la mythologie mais marquées par leur insoumission à l’académisme, et celles de Giacometti (1901-1966) avec ses figures qui tiennent à distance, hiératiques, souveraines, comme figées dans l’éternité.
Giacometti sur les traces de Rodin
Quand Giacometti arrive à Paris en 1922, Rodin a disparu depuis cinq ans. A partir des années 1890 et surtout depuis son exposition au Pavillon de l’Alma à Paris, Rodin est considéré comme un sculpteur majeur, mentor de la sculpture moderne. Giacometti suit à la Grande Chaumière l’enseignement de Bourdelle, lui-même étudiant et assistant de Rodin. En juillet 1939, l’inauguration publique tardive du Monument à Balzac de Rodin réaffirme quarante ans après l’achèvement de l’œuvre, l’importance du sculpteur. Giacometti assiste à cet événement. Dans sa jeunesse, le Grison lit plusieurs ouvrages sur Rodin. Lors d’une visite au début des années 1950 chez le fondeur Rudier, qui fut aussi celui de Rodin, Giacometti souligne à cette occasion son intérêt pour le processus créatif de ce démiurge. Après la guerre, Giacometti revient au travail d’après le modèle et insiste de plus en plus sur le modelé de ses sculptures comme Rodin.
Un jour d’automne 1950, Giacometti se trouvant dans le parc du fondeur Eugène Rudier au Vésinet, ne peut résister d’aller se poser sous le regard d’Eustache de Saint Pierre, un des valeureux Bourgeois de Calais, amenant une note de légèreté et d’humour bien latin parmi ce groupe de sacrifiés de l’histoire. Cette irruption du sculpteur grison dans une des œuvres les plus emblématiques de Rodin démontre une fois de plus son admiration pour ce grand génie.