Comment Aimé Maeght a disrupté le marché de l’art moderne
Pour cette 5ème Codex Conversation, nous étudions marché et galeries d’art avec notre invitée : Yoyo Maeght.
Yoyo Maeght fait partie de la troisième génération d’une famille très impliquée dans le monde de l’art. Son grand-père, Aimé Maeght, a créé la galerie Maeght, la fondation Maeght et sans doute aussi le modèle du marché de l’art tel qu’il fonctionne aujourd’hui.
Nous nous appuyons sur son ouvrage « La Saga Maeght » pour mieux comprendre et expliquer les mécanismes du marché de l’art.
Aimé Maeght
Fils d’ingénieur chemineau du Nord de la France, Aimé Maeght devient orphelin lors de la Première Guerre mondiale et est placé au sein d’une famille dans les Cévennes. C’est ce déracinement, selon lui, qui lui a ouvert l’esprit.
Jeune, il alimente une passion pour l’art et plus particulièrement pour la musique. Pour s’offrir ses livres, disques et autres contenus artistiques, il enchaîne beaucoup de petits boulots. Doté d’une excellente mémoire, il apprend vite et enrichit sans cesse ses connaissances.
Il devient ensuite technicien en lithographie (fonction qu’il exercera tout au long de son activité). Puis, ouvrier en imprimerie à Cannes, on lui confie les relations avec les artistes dont Pierre Bonnard. Autour de lui se constitue alors un réseau d’artistes qui le pousse à ouvrir sa galerie à Paris, où l’on rencontrera Matisse et aussi Georges Braque pour sa première exposition.
Une galerie qui fait le « Buzz »
Très vite, nous explique Yoyo, il complète ses expositions d’une édition, sorte de lithographie composée de textes originaux écrits par des artistes tel que Prévert.
« Il va créer le buzz »
La galerie est un succès pour plusieurs raisons. La première : Aimé Maeght offre ses lithographies. La seconde : il se déplace aux États-Unis pour rencontrer Duchamp avec qui il organise une exposition « scandaleuse » sur le Surréalisme. La troisième : il a l’idée de proposer des reproductions de très bonne qualité à petits prix. Il sortira par exemple 100 000 gravures de Miró. Enfin, le grand-père de Yoyo s’associe avec Pierre Matisse, le fils de Henri Matisse, avec qui il partage les contrats d’artistes tels que Jacometti ou Miró.
La fondation Maeght et sa mondialisation
« Au lieu de faire la promotion des œuvres, il a fait la promotion des artistes »
Yoyo nous explique que son grand-père veut faire de la fondation Maeght le premier bâtiment à accueillir l’art contemporain. La Fondation est issue de la réflexion des plus grands esprits et artistes de ce siècle.
Aimé Maeght ne s’arrête pas là. Il a déjà en lui, selon Yoyo, cette notion de communication. Ainsi, pour faire venir à lui des artistes venus d’ailleurs, il envoie des communiqués de presse, réalise et internationalise des affiches qui sont à la fois produit et publicité.
Le magazine et la famille
A la fin des années 60, il sort son magazine « L’art vivant » qui regroupe toutes les formes d’art.
Le succès d’Aimé, selon sa petite-fille, vient aussi de sa capacité à être curieux de tout. Sans oublier l’aide indéfectible de sa famille, dont par exemple, son fils, le père de Yoyo, qui a géré l’ouverture d’une deuxième galerie sur la Rive Droite.
Même ses petits-enfants s’impliquent dans ce monde du marché de l’art et sont invités aux événements et voyages. Il pensait constamment au long terme et à la génération future.