Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois
Pour l’édition 2025 de TEFAF Maastricht, la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois présente une sélection d’œuvres d’art moderne et contemporain exceptionnelles dont les techniques, les références et les concepts dialoguent avec des formes d’art allant de la Grèce antique au début du 20e siècle.
Cette double lecture s’ouvre sur une remarquable confrontation entre l’œuvre de John DeAndrea et une importante sculpture en bronze d’Aristide Maillol. Évoquant toutes deux la splendeur solennelle des cariatides grecques, leurs figures féminines debout témoignent de nouvelles manières de traiter la forme humaine. D’un côté, la « Flora » de Maillol recherche une harmonie céleste, s’éloignant de la nature pour faire entrer la sculpture dans une dimension intemporelle et universelle dont la valeur esthétique réside en elle-même ; de l’autre, les nus hyperréalistes de DeAndrea sont ceux d’un Pygmalion tentant de déjouer la nature même de l’art face à la véracité, conduisant la représentation au plus près de la réalité. Deux conceptions opposées et complémentaires de la sculpture, qui révèlent peut-être les sensibilités d’époques différentes : l’éternel et le vrai, l’universel et le singulier, ou encore le sensible et le virtuose.
L’exceptionnelle œuvre monumentale de Martial Raysse, « Et voici à nouveau l’aurore », représentation tentaculaire d’une forêt luxuriante, évoque les prouesses picturales du Douanier Rousseau et de Nicolas Poussin. Véritable archétype des formules picturales, l’œuvre révèle l’attrait de Raysse pour la peinture tout en s’inscrivant dans la continuité de l’histoire de l’art.
En accord avec l’évocation humoristique des grands artistes par Raysse, les artistes des avant-gardes françaises des années 1960 ont imprégné leur pratique d’une révérence et d’une moquerie à l’égard de l’histoire de l’art, des institutions culturelles et politiques, et des techniques traditionnelles. Les camouflages d’Alain Jacquet superposent les canons de l’art aux aplats de couleurs des panneaux de signalisation et de l’imagerie pop – ici, une reproduction d’une tête de cheval du Parthénon est dissimulée sous l’image prosaïque d’un panneau de signalisation de passage à niveau.
Le « Mérite artistique » de Gérard Deschamp fait partie d’une série de fausses décorations militaires aux formats absurdes. Celle-ci a été décernée à Paolo Marzotto en 1965 par Deschamps, qui n’avait pas été sélectionné pour le célèbre prix Marzotto cette année-là – cette marque d’appréciation humoristique est typique de l’appétit des Nouveaux Réalistes pour les jeux de mots, la performance et l’espièglerie.
Les affiches déchirées ramassées dans la rue par les Affichistes – soit sélectionnées, telles quelles, par Jacques Villeglé, soit grattées, déchirées et transformées par François Dufrêne – sont un détournement des techniques traditionnelles de la peinture. L’abstraction, la composition, la profondeur, la perspective apparaissent dans les restes d’affiches politiques ou commerciales, les graffitis et les dégradations.
Guitariste d’Ukraine d’Emanuel Proweller, datant de 1955, est une évocation émouvante et rare de la vie personnelle de l’artiste, qui a survécu à la guerre en tant que juif polonais à la frontière ukrainienne, sauvé sa vie par sa musique et son art – il a été embauché comme peintre et joueur de mandoline à l’âge de 18 ans – et qui est devenu une figure emblématique de la culture ukrainienne.
« Greasy Luck » de Duke Riley est une mosaïque à grande échelle composée de plastique océanique et de coquillages récupérés. La portée écologique de ces briquets, coquillages, casquettes ou peignes accumulés lui permet de superposer des notions récentes de conservation à des références historiques et artistiques – des mosaïques romaines aux enseignes des compagnies maritimes transatlantiques du XIXe siècle. Ainsi, les idées actuelles de la préservation de l’environnement rejoignent l’esthétique des sources du commerce maritime, ainsi que les grandes légendes de la navigation et de la chasse à la baleine – le capitaine Achab, Magellan, Ulysse, Marco Polo ou Paul Watson.
Le grand triptyque de Pierre Seinturier – l’une des plus grandes toiles produites par l’artiste – présente son mélange caractéristique de grandeur et de mystère cinématographiques avec la représentation pseudo-scientifique d’une flore imaginaire. Le format triptyque et la double représentation des espaces intérieurs et extérieurs font écho aux retables des primitifs flamands et permettent à l’imagination du spectateur de se déchaîner sur les possibilités narratives.
Une partie de notre stand est consacrée aux œuvres érotiques sur papier de Tomi Ungerer. La sélection évoque toute la fantaisie de l’art underground d’Ungerer : imagination sans limite, création sans peur ni contrainte, désir fantasque, caprice inattendu. Les corps s’enlacent, se tordent, les visages sourient, les mamelons rosissent et les lèvres crient, avec une révérence malicieuse pour les œuvres grotesques de la Nouvelle Objectivité allemande et la sensualité évocatrice de Klimt et Schiele.