Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois
Né à Sacramento en 1939 sous le signe du Lion, Richard Jackson dit avoir grandi avec des outils et non des livres et se déclare influencé par l’expressionnisme abstrait et l’Action Painting de Jackson Pollock, poussant même, de façon cathartique, les hommages au peintre new-yorkais à l’extrême, voire à l’obscène, en inondant de peinture la surface de ses installations.
Par l’utilisation radicale de la matière colorée (éclaboussure, giclure, projection, pulvérisation et tir), l’œuvre a été comparée à une version outrancière du Nouveau Réalisme d’Yves Klein et Niki de Saint Phalle. Entre son Action Painting et ses painting machines, Richard Jackson est surtout le chaînon manquant entre les actionnistes viennois et ses contemporains américains Paul McCarthy et Bruce Nauman.
Qu’importe au vu de ses trois autoportraits en clown, présentés à l’occasion de cette sixième exposition à la Galerie GP & N Vallois, prêts à cracher de la peinture à la figure du public ou bien de ses quatre chérubins inspirés du Manneken Pis qui, pour leur part, vont l’uriner, marquant leur territoire au sens propre, et ainsi réclamer tout en profanant l’espace de l’art !
Car « l’art est dédié aux comportements douteux et inadaptés » selon la définition de celui qui « souhaite vous mettre mal à l’aise » comme le Times californien a qualifié l’agent provocateur il y a exactement dix ans. À propos de l’acte ou de l’action de peindre de Richard Jackson à l’œuvre dans les Stacked Paintings, on peut affirmer que la peinture ne vaut pas pour moyen de représentation ou de création d’image et comme objet de contemplation esthétique mais plutôt, en tant que liquide coloré appliqué sur canevas, pour ses qualités sculpturales, par l’emploi des toiles par empilement, pour son potentiel à la fois conceptuel et subversif et surtout comme une expérience monumentale à arpenter. Ou alors il s’agit peut-être seulement de « rendre la peinture plus excitante qu’une chose plate à regarder au mur ».